Maison traditionnelle thaïlandaise

La maison traditionnelle thaïlandaise et plus généralement celle du Sud-Est asiatique, est le parfait exemple de la maison adaptée à son environnement. Elle doit protéger de la chaleur intense, de l’humidité quasi constante et des pluies de la mousson. La structure en pignon sur pilotis, couramment utilisée dans les pays tropicaux, remonte à la préhistoire.

Des matériaux naturels

Les matériaux utilisés tels que le bois de teck, le bambou et le chaume sont naturellement isolants et offrent la réponse parfaite au climat tropical. La construction est surélevée pour protéger les habitants des bêtes sauvages et des inondations. Mais les pilotis, de la hauteur d’un étage, fournissent également un espace pour entreposer les récoltes, les provisions ou pour installer un métier à tisser.

Avec son toit pentu, la maison capte la moindre brise et assure une ventilation bienfaisante et naturelle à ses habitants. Les larges auvents protègent les murs des ardeurs du soleil tout en atténuant la luminosité intérieure.

Les seuils de portes sont surélevés pour interdire l’entrée des mauvais esprits dans la maison et renforcer la structure des murs. Ils offrent aussi l’avantage d’empêcher les jeunes enfants d’échapper à la surveillance de leurs parents.

Une grande souplesse dans la construction

Comme dans la plupart des maisons de bois traditionnelles d’Asie du sud-Est, la maison thaïlandaise est assemblée sans clou ni fixation permanente. Ce mode d’assemblage permet une grande souplesse puisqu’on peut assembler les divers éléments comme on le souhaite. L’exemple le plus connu est certainement celui de Jim Thompson qui a réuni six maisons traditionnelles provenant des régions de Bangkok et Ayutthaya. Dans le salon, il fit même retourner les murs pour que les panneaux sculptés soient visibles de l’intérieur.

La plupart des maisons traditionnelles thaïlandaises sont formées de plusieurs bâtiments rassemblés autour d’une terrasse centrale faisant office de pièce familiale. Ce style de construction a atteint son apogée dans le centre du Siam, durant la période Ayutthaya. La maison traditionnelle thaïlandaise a ainsi offert à ses habitants un mode de vie confortable  tout en s’adaptant au climat tropical.

Dans la vallée du Chao Phraya les inondations sont monnaie courante et il’eau recouvre les plaines plusieurs mois par an. De ce fait, nombre d’habitants ont préféré vivre dans des maisons flottantes construites sur des radeaux de bambou. Ils peuvent ainsi les remorquer facilement d’un endroit à un autre au gré des aléas du climat.

 

Le choix des rois

Si la plupart des temples et des sanctuaires sont construits en brique ou en pierre, les rois du Siam, grands bâtisseurs, ont toujours préféré le bois pour leurs palais. Le plus impressionnant est le Vimanmek Mansion, connu pour être le plus grand palais en teck doré au monde.

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Palais Vinanmek, Bangkok

Une construction qui ne doit rien au hasard

La construction d’une maison traditionnelle thaïlandaise répond à des règles bien précises concernant l’orientation. La maison doit être orientée selon la marche du soleil afin que le rituel de la vie et de la mort soit accompli en son juste lieu. En effet, on considère encore aujourd’hui que l’est est favorable à la vie tandis que l’ouest est lié à la mort. Traditionnellement, les femmes accouchent dans la partie est de la maison et les morts sont exposés dans une pièce donnant à l’ouest.

La peinture rouge que l’on retrouve sur de nombreuses maisons et bâtiments anciens  servait à protéger les façades des intempéries et des insectes.

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Enfin, on ne construit pas une maison thaïlandaise traditionnelle n’importe quand. Pour protéger la demeure et ses futurs habitants il est d’usage de faire appel à des moines qui choisissent la date la plus propice au démarrage des travaux. Trois cérémonies religieuses répondent à un rituel précis durant la construction. La première consacre la pose du premier pilier en teck. La deuxième est destinée à choisir l’emplacement de la maison des esprits. La troisième, la plus importante, célèbre l’achèvement des travaux. Durant cette dernière cérémonie, les moines chantent les prières sacramentelles et bénissent la demeure.

C’est peut-être pour toutes ces raisons que certains propriétaires de maison traditionnelle n’hésitent pas à parler de karma et à attribuer des valeurs spirituelles à leur demeure.

Une architecture (un peu) oubliée

Aujourd’hui les Thaïlandais ont tendance à abandonner les constructions traditionnelles au profit du béton et du fibrociment. C’est ainsi que depuis le début des années 2000 l’on voit pousser des maisons de plain-pied, avec une minuscule terrasse et un abri pour le pick-up. Du carrelage à la place du bois, des cloisons en placo et l’horrible module extérieur du climatiseur accolé à la façade parachèvent ce no-style.

Il ne nous reste qu’à espérer que le réchauffement climatique et les problèmes de pollution liés au mode de vie contemporain inciteront les Thaïlandais à se tourner à nouveau vers les maisons traditionnelles. Non seulement, elles ont plus de charme, mais en plus elles offrent une climatisation naturelle, bien meilleure pour la santé et la planète.

 

Sources : https://rawai.fr qui a écrit un article très détaillé sur les différents styles suivant les régions

« La maison de Jim Thompson » par William Warren

Quelques liens utiles :

Bangkok : Vimanmek Palace

Maisons aux esprits de Thaïlande

Jim Thompson House – Bangkok

Les 10 incontournables de Bangkok