Non, vous ne rêvez pas, on cultive la vigne en Thaïlande malgré des conditions climatiques peu propices. Et certains vins n’ont rien à envier à leurs aînés occidentaux.
Histoire
Dès le XVII° siècle le vin a été introduit dans le royaume de Siam par qui, je vous le donne en mille, … les Français! Mais il faut attendre 1950 pour que la viticulture se développe, timidement, grâce à un projet royal.
Le premier vin thaïlandais est vendu en 1995 par le Château de Loei, fondé par Chaijudh Karnasuta. Il est aussi le premier vin thaïlandais à être exporté en Europe et au Japon.

En 2004, on assiste à la naissance de l’Association des Vins de Thaïlande (Thaï Wine Association) afin de promouvoir la qualité des vins produits à partir de raisins locaux.
En 2014, la Thaïlande dépasse à peine les 12 millions de litres, ce qui la classe parmi les plus petits producteurs au monde. Elle produit essentiellement des vins rouges et des blancs.
Les principales zones géographiques
- La province de Prachuap Khiri Khan dans Le golfe de Thaïlande est l’une des plus grandes zones de production avec 200 ha de vignes où Chalerm Yoovidhya (accessoirement actionnaire de Red Bull et grand amateur de whisky) a fondé la Siam Winery en 2003
- La vallée de Phu Rua dans La province de Loei, où est produit le Château de Loei
- La province de Phichit dans le Nord avec le Château Shala One
- La région de Khao Yai Mountains, dans le Centre où l’on trouve côté ouest le vignoble Gran Monte et versant est le Château des Brumes

Un climat difficile
Tous les vignerons vous le diront, la vigne n’aime pas le climat tropical qui cumule les handicaps: trop chaud, trop humide, des pluies diluviennes, deux saisons au lieu de quatre en Europe. La région la plus favorable dans un tel contexte reste le Nord dont les nuits sont fraîches en saison sèche. Mais les vins produits plus au sud ne déméritent pas.
Les viticulteurs ont dû s’adapter et faire preuve d’une rigueur sans faille alliée à une technologie de pointe pour produire des vins de qualité. La culture se pratique durant la saison sèche et la récolte a lieu en général entre fin février et mi-mars, mais certains viticulteurs en font deux dans l’année. Après les vendanges, un autre défi attend les vignerons: maîtriser le taux d’humidité, le taux de sucre et les températures de vinification au risque de voir la récolte perdue. Mais si produire local est un travail ardu, il évite au vin de longs trajets, lui donne une meilleure conservation et préserve ses arômes.
Consommation
La consommation de vin a tendance à augmenter en Thaïlande mais au détriment des vins locaux. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène: la faible production dont une partie est destinée à l’exportation et le fait des touristes et des expatriés qui ont encore du mal à prendre au sérieux la production locale et préfèrent acheter ou commander au restaurant des vins qu’ils connaissent. Enfin, les prix sont prohibitifs (entre 300 et 700 THB la bouteille) pour le salaire moyen des Thaïlandais (10 000 THB).
Rappelons que la consommation de vin n’est pas anodine. Pour en savoir plus, je vous renvoie à l’article suivant https://lesmotsdesylvie.com/bienfaits-et-dangers-du-vin/
Développer le goût des Thaïlandais
Dans leur grande majorité les Thaïlandais boivent de la bière et du whisky local, leur palais est peu ou pas éduqué au goût du vin. Pour les amener à découvrir petit à petit celui-ci, Chalerm Yoovidhya a eu une idée un peu folle en 1986: la mise au point d’un curieux breuvage qui a de quoi faire hurler les puristes. Sous la marque Spy, il propose depuis cette date un mélange de vin, de soda et d’hibiscus. Contre toute attente, sa boisson a connu un succès qui ne se dément pas; il s’en vend aujourd’hui plus de 90 millions de bouteilles par an, essentiellement pour l’apéritif. La Spy est, paraît-il, très appréciée de la gent féminine.
Fort de ce succès, il rachète 110 ha de terres à 40 kilomètres de la très chic station de Hua hin, dans le golfe de Thaïlande, pour y planter des vignes en 2003. Pour mettre toutes les chances de son côté il s’adjoint les compétences de Kathrin Ruff, oenologue allemande. Pari réussi en 2007, date à laquelle sortent les premiers vins de la Siam Winery qui produit des blancs, des rouges et des rosés issus de cépages malaga, colombard et shiraz. Forte de ses trois vignobles, Monsoon Valley Vineyard Hua Hin, Thap Kwang Vineyard (province de Saraburi – Centre de la Tahïlande) et Chiang Mai Vineyard, la Siam Winery est aujourd’hui le premier producteur de vin en Asie du Sud-Est.
Vin et cuisine thaïe
Les Thaïlandais initiés au vin ont encore du mal à le consommer en accompagnement d’un plat local. Pourtant, selon Theerapat Phuaphanthong, le jeune chef du domaine Siam Winery: « Le colombard se marie parfaitement avec les salades très épicées mais aussi avec les produits de la mer en général, particulièrement lorsqu’ils sont cuisinés avec du curry. Même chose pour le shiraz dont les saveurs piquantes révèlent la force tannique. »
Lors de votre prochain voyage en Thaïlande, vous n’aurez plus aucune raison de bouder les vins thaïlandais accompagnés d’un plat traditionnel thaï.
Et n’oubliez pas: à boire avec modération car comme le disait Pierre Dac: « Les bons crus font les bonnes cuites. »
Sources:
- http://www.sommelier-vins.com
- http://www.expatriation-en-thailande.com
- http://www.isaan.com
- Gavroche
- Wikipédia
Une réflexion sur “Vin en Thaïlande : pari réussi ?”