Le 13 octobre 2016 nous quittait le roi Bhumibol Adulyadej, Rama IX de son nom dynastique, après 70 ans de règne. La dispariton de ce roi très aimé a été vécue comme une grande perte par les Thaïlandais. Souverain proche de son peuple, le roi Bhumibol n’a cessé de parcourir les régions rurales de son pays afin d’apporter des améliorations aux conditions de vie des paysans. Ses nombreux voyages n’étaient pas une posture mais bien la marque d’un intérêt sincère et ont donné lieu à pas moins de trois mille projets royaux de développement.
Une cérémonie grandiose
La crémation du roi Bhumibol représente un événement historique majeur et sera la plus importante cérémonie depuis le début du vingtième siècle. La précédente cérémonie de crémation remonte à 1950 pour les funérailles du roi Ananda Mahidol (Rama VIII), frère aîné du roi Bhumibol, décédé dans des circonstances obscures.
Un immense crématorium a été spécialement construit sur la place Sanam Luang, face au Grand Palais. La cérémonie qui se veut grandiose se tiendra du 25 au 29 octobre prochain et nul doute qu’elle demeurera longtemps dans le coeur des Thaïlandais. Le magazine Gavroche rapporte les propos de Kokiat Thongput, architecte en chef pour la construction du crématorium: « L’idée est de maximiser la dignité pour le roi. Comme nous le considérons comme le roi des rois, nous avons voulu construire la structure la plus grandisoe possible ».
L’édifice doit également rappeler les passions du roi: ainsi un étang de vingt centimètres de profondeur contenant 99 poissons en stuc sera créé autour du crématorium pour rappeler l’engagement du roi en faveur des ressources aquatiques et, au nord du site, un espace sera dédié à l’agriculture, autre passion royale.
La cérémonie royale de la crémation comporte une importante dimension religieuse qu’on a du mal à imaginer en Occident. En effet, pour les Thaïs, le roi est un dieu. Le service funèbre royal remonte au règne du roi Naraï d’Ayutthaya (1656-1688) et se déroule selon un rituel très inspiré de l’hindouisme mais où se mêle également le bouddhisme.
Le Grand Chariot destiné à transporter l’urne royale date, lui, du roi Rama I, fondateur de la dynastie Chakri à la fin du dix-huitième siècle.
En 1868, les funérailles du roi Mongkut (Rama IV) ont donné lieu à la construction d’un gigantesque crématorium haut de cent mètres qui nécessita plusieurs années de travaux. Son successeur le roi Chulalongkorn (Rama V) a demandé par Ordre Royal que l’on s’en tienne à des constructions moins considérables et moins coûteuses.
En 1996, pour la cérémonie de crémation de la princesse-mère, sa mère, le roi Bhumibol a apporté une autre modification. Désormais, le corps du défunt n’est plus placé en position assise dans une urne en bois de santal avant la crémation mais dans un cercueil.
Le cercueil du roi Bhumibol (photo ci-dessus) est en bois de santal avec intérieur en teck. Il sera amené au crématorium le 26 octobre au soir, accompagné d’une assistance privée.
Ensuite et jusqu’à l’aube se dérouleront des spectacles tels que théâtre royal masqué (khon), danse, musique et autres divertissements pour célébrer la montée au Ciel du roi. Les cendres royales seront déposées dans une urne le 27 au matin et conduites au Temple du bouddha d’Emeraude où auront lieu plusieurs cérémonies à l’issue desquelles elles seront divisées et placées au côté d’une statue de Bouddha dans le Wat Rajabophit et le Wat Bovorniwet.
A savoir:
Le Grand Palais et le Temple du Bouddha d’Emeraude sont fermés au public jusqu’au 29 octobre prochain. Le crématorium royal sera ouvert au public du 1er au 30 novembre prochain de 7 h à 22 h. (Infos BUZZASIE)
Pour aller plus loin:
Lire le très intéressant article de Gavroche de ce mois-ci
Photos:
BUZZASIE pour le portrait du roi / Gavroche pour le Grand Chariot et le cercueil du roi