Les adeptes de la roulette devront aller voir ailleurs, les casinos n’existent pas en Thaïlande.
Les jeux de hasard sont interdits au Pays du Sourire même si l’on sait que les lois sont faites pour être contournées et que certains tripots s’en donnent à coeur joie. Mais je ne vous donnerai pas leur adresse pour la bonne raison que je ne fréquente ni ne connais aucun endroit de ce genre. Le monde de la nuit ne m’a jamais attirée. Je me méfie des milieux plus ou moins clandestins où se côtoient des mondes qui s’évitent soigneusement après le lever du soleil. De toute façon, quand on cherche on trouve et j’imagine que les habitués de ces lieux les repèrent à des kilomètres. Lâchez-les dans une ville inconnue et, en moins de 48 heures, ils connaîtront toutes les adresses louches.
Une frontière très prisée
Mais les Asiatiques sont joueurs et adorent les jeux de hasard. Il suffit de se balader dans Bangkok pour voir le nombre de billets de loterie, tout à fait légaux, en vente un peu partout.
Le district de Aranyaprathet est connu et fréquenté depuis longtemps grâce au marché de Talaat Rong Kleua, proche de la frontière cambodgienne. On y trouve beaucoup de produits en provenance du Cambodge et du Vietnam. Il serait aussi utilisé pour le commerce illégal avec les partis en guerre au Cambodge.
Quelques hommes d’affaires thaïs ont eu l’ingénieuse idée d’investir leurs capitaux dans 7 casinos (le huitième est en construction) à deux pas de la ville, dans un endroit qui n’appartient à aucun pays, le no man’s land situé juste derrière la frontière avec le Cambodge, à l’est de la Thaïlande. Il fallait y penser.

Le gouvernement, fâché de voir des milliards de Baths s’envoler vers d’autres cieux, voudrait y mettre un terme mais c’est compter sans la corruption, très active en Thaïlande.
L’endroit est également très fréquenté par les expatriés qui viennent renouveler leur visa et font un petit tour au Cambodge. Il était autrefois possible de relier Bangkok à Phnom Penh par le train mais depuis que les Khmers rouges ont détruit une partie de la voie, celui-ci s’arrête à 20 mètres de la frontière. L’endroit n’en reste pas moins pratique et économique pour renouveler les visas lorsqu’on vient de Bangkok. Les propriétaires des casinos y ont probablement pensé.
Une base arrière pour les ONG et les humanitaires
Le district de Aranyaprathet se situe dans la province de Sa Kaeo. Sa frontière commune avec le Cambodge en fit une base arrière pour les réfugiés dans les années 1970 et 1980. La chute du régime des Khmers rouges ne régla pas le problème puisque les réfugiés se sont retrouvés coincés entre l’armée vietnamienne qui venait d’envahir le Cambodge et la Thaïlande qui ne voulait pas d’eux. Il faudra la pression de l’ONU pour que la Thaïlande accepte de créer des camps de réfugiés sur son territoire. Le plus grand d’entre eux accueillait 300 000 personnes.
Qui dit ONG et organisations humanitaires dit aussi de nombreux expatriés qui ont vécu là une dizaine d’années.
Quel rapport avec les casinos, me direz-vous?
Vous aurez sans doute remarqué que le crime organisé ne s’épanouit jamais aussi bien que sur le terreau de la misère et que les casinos sont un bon moyen de blanchir l’argent sale.
Aranyaprathet n’a pas échappé à la règle. Elle devint la ville de tous les trafics et un carrefour commercial important. Armes, or, pierres précieuses mais aussi voitures, motos, médicaments, ustensiles de cuisine, nourriture. Les biens de consommation se retrouvaient ensuite sur les marchés de Saïgon et de Phnom Penh.
De là à attirer les hommes d’affaires thaïs flairant le parfum enivrant de l’argent facile, il n’y avait qu’un pas qui fut vite franchi…
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Amphoe_Aranyaprathet