Si vous vous intéressez à la Thaïlande, vous savez que Bangkok ne fut pas toujours la capitale du royaume de Siam. Elle a été fondée en 1769, d’abord à Thonburi puis transférée de l’autre côté du fleuve pour des raisons stratégiques en 1782. Avant elle, il y eut la flamboyante Ayutthaya, détruite par les Birmans, dont les vestiges restèrent à l’abandon durant deux siècles, envahis par la végétation qui avait repris ses droits. La restauration de l’ancienne cité royale est récente, elle date des années 1980.
Un peu d’histoire
Avant le royaume de Siam, il y eut le royaume de Sukhothaï qui s’étendit de 1238 à 1448 dont les capitales furent successivement Sukhothaï et Phitsanulok. Aujourd’hui encore, on peut admirer les ruines de cette dernière, inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco.
Le royaume de Siam quant à lui, vit le jour en 1350 lorsque le prince U Thong accéda au pouvoir et perdura jusqu’en 1939. Son nom, donné aux Thaïlandais par les Khmers, vient du sanscrit syama qui signifie sombre à cause de leur couleur de peau. Sa capitale fut d’abord fixée à U Thong mais un an après la fondation du royaume une épidémie de variole contraignit le prince à déplacer la population de la ville vers un site situé au confluent du Chao Phraya et des rivières Pasak et Lopburi. Ainsi naquit Ayutthaya et le prince U Thong fut proclamé roi sous le nom de Rama Thibodi. Il instaura le bouddhisme Theravada, encore en vigueur aujourd’hui, comme religion officielle. Cependant, le peuple thaï se reconnaissait peu dans une royauté marquée par les rites khmers célébrés à la cour par Rama Thibodi et ses successeurs.
Afin d’asseoir leur pouvoir, les rois de Siam combattirent l’empire Khmer et les royaumes de Lanna (région de Chiang Mai où l’on peut admirer le style lanna si particulier) et de Sukhothaï. Angkor fut conquis en 1431 et Sukhothaï, annexé quelques années plus tard.
Au XV° siècle, le règne du roi Trailok marqua l’unification des différents Etats du royaume et la centralisation du pouvoir militaire et administratif. C’est aussi sous son impulsion que fut institué le système foncier du sakdi naa qui définit les règles et l’ordre de la hiérarchie sociale et qui subsiste de nos jours sous une forme plus souple.
Le royaume d’Ayutthaya fut surtout marqué par la prospérité du commerce, placé lui aussi sous contrôle royal, ce qui lui permit de s’enrichir malgré les guerres permanentes. Peu à peu, Ayutthaya reçut des visiteurs et des marchands européens. Dès 1511, le Portugal installa son ambassade sur place, suivi un siècle plus tard par les Hollandais, les Britanniques, les Danois et les Français. Tous, ambassadeurs et marchands, admiraient la richesse d’Ayutthaya et la considéraient comme la ville la plus magnifique du Sud-Est asiatique.
L’influence grandissante des Européens atteignit son apogée sous le règne du roi Narai (1656 – 1688) avant d’être stoppée brutalement à la mort du souverain. La France qui possédait une garnison de 600 soldats fut accusée de vouloir convertir le roi au catholicisme. Résultat, les soldats furent expulsés, les relations avec l’Europe interrompues et les portes du royaume fermées à tous les étrangers durant un siècle et demi. A noter que le mot thaï farang qui signifie étranger vient de farangset qui désignait les Français. Suite à l’épisode cité ci-dessus, je ne suis pas sûre que cela soit un hommage rendu à nos ancêtres.
Les Birmans qui lorgnaient sur leur voisin depuis un moment, pillèrent Ayutthaya en 1569. Après plusieurs tentatives et des attaques incessantes, la guerre éclata entre les deux états. Assiégée en 1767, Ayutthaya fut occupée, pillée, incendiée mettant ainsi un terme à son royaume.
Une architecture Khmer
A la fin du XVII° siècle, on estimait qu’Ayutthaya comptait plus d’un million d’habitants, 1700 temples, environ 30 000 prêtres et plus de 4000 bouddhas en or massif ou dorés à l’or fin. C’est dire la richesse de la cité. Une cinquantine de temples seulement ont échappé à la destruction des Birmans.
L’architecture thaïlandaise peut surprendre le voyageur européen dont le patrimoine architectural répond à des normes très différentes de celles qui ont cours en Asie. Il faut savoir que les édifices religieux thaïlandais s’appuient sur deux sources d’inspiration: les symboles du bouddhisme Theravada et la cosmologie hindoue qui elle-même emprunte ses concepts architecturaux au style Khmer. Les principes de la cosmologie hindoue sont les suivants:
- au centre s’élève une tour représentant le mont Meru dont les 33 étages symbolisent les 33 niveaux célestes
- les prang* sont surmontés d’un trident, symbole divin d’Indra
- les chedi** sont agrémentés d’une sphère incarnant le centre du nirvana
- les douves représentent les océans qui séparent les hommes des royaumes des dieux
Une autre caractéristique peut également surprendre les visiteurs étrangers: les édifices anciens sont quasiment tous religieux. Cela s’explique par la simple raison qu’ils étaient les seuls à être construits en dur, le bois prédominant pour les autres constructions.
Excursion ou séjour à Ayutthaya?
Dans un précédent article Bang Pa In, résidence d’été des rois de Thaïlande, je vous racontais mon excursion à Bang Pa In suivie de la visite du parc historique d’Ayutthaya, déplorant le manque de temps. Donc, le mieux est d’y rester au moins deux jours. Il est possible de louer de vélos pour se déplacer dans la ville et accéder au parc situé sur une île où les étrangers ne pouvaient accéder que sur autorisation lorsqu’Ayutthaya était la capitale du royaume.
J’avais repéré le Baan Bamai boutique room, pour sa localisation, son jardin, ses prix attractifs, sa location de vélos et les bonnes notes des internautes. Malheureusement j’ai dû annuler mon voyage, je n’y suis donc pas allée. Si quelqu’un connaît cet hôtel, merci de me dire si mon choix était bon car je l’ai conservé dans mes adresses.
Pourquoi je veux y retourner
Je considère comme un privilège d’avoir accès à ce lieu chargé d’histoire. Malgré les visiteurs, il y règnait un calme absolu, rendu impressionnant par l’air chaud qui devenait palpable au point d’en être oppressant lorsque j’y suis allée. En déambulant parmi les ruines j’ai pensé qu’on doit ressentir à peu près le même émoi lorsqu’on se trouve au pied des pyramides d’Egypte. On est indubitablement écrasé par le poids de l’Histoire et j’imagine que peu d’endroits dans le monde nous le font ressentir à ce point.
*dérivé du sanscrit pranga (sorte de tambour), le prang désigne une tour sanctuaire renfermant des reliques
**autre nom du stupa, le chedi renferme également des reliques
Source historique: National Geographic , collection Les guides de voyage, Thaïlande
4 réflexions sur “Ayutthaya, ancienne capitale de Thaïlande”