Au nord de Chiang Rai, au Doi Tung (Pic du Drapeau) se dresse la Villa royale construite par la princesse mère disparue en 1995 (grand-mère du roi actuel) qui souhaitait montrer aux ethnies montagnardes qu’on ne les abandonnait pas et ainsi les détourner de la culture de l’opium qui n’a pas totalement disparu. Le Palais d’été, devenu un musée, est entouré d’un magnifique jardin: le Mae Fah Luang.
Un dimanche au Doi Tung
Alors que je séjourne dans la famille de ma copine Nong, cette dernière décide de passer le dimanche au Doi Tung. Une de ses voisines, Oï, aussi rigolote que déjantée nous accompagne. Tandis que nous nous dirigeons vers l’arrêt de bus, les voisins nous demandent où nous allons.

Voici ce que le Lonely Planet Thaïlande écrivait à propos du Doi Tung dans son édition de 2001:
« La route d’accès est le principal intérêt de la promenade. [……….] En chemin, on traversera des villages shan, akha et lahu. Comme on cultive le pavot dans le voisinage du Doi Tung, il est donc préférable de rester sur les routes, mais pas après 16 heures (excepté sur les grands axes). Il n’est pas prudent de faire de la randonnée dans cette région sans être accompagné d’un guide thaïlandais simplement parce que vous risquez d’être pris pour un agent américain de l’agence antidrogue (par les trafiquants d’opium) ou pour un trafiquant de drogue (par les soldats thaïlandais). Il arrive qu’on entende des coups de feu indiquant que les militaires sont à la poursuite de rebelles pris entre deux gouvernements hostiles. »
Le long du chemin, nous n’entendons aucun coup de feu mais la présence militaire est bien là: barrages sur la route et militaires armés de mitraillettes dans la montagne.
Présence royale
Nous sommes en janvier, le temps est magnifique et je découvre ce jardin extraordinaire que domine la Villa royale. Exceptionnellement, nous ne pouvons pas la visiter car la reine Sirikit est venue y passer le weekend.
Les fleurs sont partout, roses, orchidées et de nombreuses autres dont j’ignore le nom, je suis assez nulle en botanique. Il y a également des palmiers, des arbres du voyageur reconnaissables à leur forme en éventail, des jardins à la française, des jets d’eau avec, en toile de fond, les montagnes qui se profilent à perte de vue.
Après avoir parcouru le parc en tout sens, fatiguées, nous nous asseyons à l’ombre d’un brugmansia, cousin du datura, dont les fleurs tombantes, longues corolles blanches au joli nom de trompettes des anges, semblent si innocentes et sont si vénéneuses. Le temps ne veut plus rien dire, il est comme suspendu. Je suis bien, heureuse, remplie d’un sentiment de plénitude qui me fait savourer chaque instant passé dans cet Eden.
Un événement imprévu
Pour redescendre à l’arrêt de bus, nous nous entassons à 16 dans un sawngthaew, taxi collectif de Thaïlande. Ces véhicules ressemblent à des pick-up dont la plate-forme est pourvue de deux bancs qui se font face dans le sens de la longueur, protégés du soleil et des intempéries par une capote. Comme je suis la seule farang, une femme âgée toute petite et ridée comme une pomme reinette me demande d’où je viens, combien de temps je resterai en Thaïlande et ce que je compte visiter dans un Anglais approximatif. Le mien n’est guère mieux mais on se comprend. Un jour, dans un bus, une autre vieille femme assise à côté de moi m’a tâté le bras et s’est mise à rire, l’air de dire, « tout compte fait, c’est une farang, pas une extra-terrestre! » Avec mon 1,67m et ma taille 42, je fais un peu figure de géante par rapport aux vénérables vieilles dames thaïes.
Au moment où nous allons monter dans le bus, un policier s’installe au bord de la route et arrête la circulation, signe qu’un personnage important va passer. Quelques minutes plus tard, nous voyons une première voiture de police roulant à une allure normale, suivie de deux autres à vive allure, toutes sirènes hurlantes. On se croirait dans une série américaine. Les personnes qui m’entourent semblent électrisées. Elles s’agenouillent sur le talus tandis que Nong me fait signe de les imiter. Je m’exécute, rester debout serait un manque de respect envers la famille royale ce qui est inenvisageable en Thaïlande où le crime de lèse-majesté est sévèrement puni. Nous ne voyons pas la reine Sirikit, seulement une silhouette figée à l’arrière d’une des Mercedes jaune pâle du Palais. Suit un cortège d’une dizaine de voitures de police. C’est fini, aussitôt la circulation reprend son cours normal comme si rien ne s’était passé.
Mon passeport n’intéresse pas les policiers
Sur le chemin du retour, nous avons droit à un nouveau contrôle et je prépare mon passeport mais un policier passe à côté de moi en l’ignorant complètement. J’en suis presque vexée. Pas une fois on ne me demandera mes papiers au cours des nombreux contrôles auxquels j’ai assisté. Le policier se dirige vers un groupe de jeunes bonzes enveloppés dans leurs tuniques safran. Il examine les papiers de l’un d’eux, pose des questions puis descend par l’arrière du bus. Moi qui pensais que les bonzes étaient intouchables!
En arrivant à Bandu, banlieue de Chiang Rai où habite Nong, nous retrouvons les voisins du matin qui nous demandent d’où nous venons, des fois qu’on ait changé d’avis après notre départ.
Merci 🙂
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Merci Annawenn, c’est effectivement très beau et dépaysant. La Thaïlande est un pays où l’on goûte le temps de vivre. Même à Bangkok, mégapole qui ne dort jamais, il règne une ambiance qu’on ne retrouve pas sous nos latitudes. Je te souhaite d’y aller un jour, tu ne seras pas déçue et je te recommande également le blog d’Elodie si tu ne la connais pas encore. C’est une jeune Française expatriée à Bangkok: lectourebangkok.com
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C’est superbe, dépaysant et tu me semble être une belle aventurière. Merci pour ce partage.
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