Tintin en Thaïlande

En 1999, paraît une BD en noir et blanc qui relate les aventures de Tintin en Thailande alors que son créateur Hergé est mort en  1983. L’action se passe à Bangkok et Chiang Mai et l’on découvre les héros de la série sous un autre jour. La fondation Hergé ne tarde pas à en avoir connaissance et, choquée, prévient aussitôt la police belge dont un des membres se fait passer pour un acheteur. Plusieurs personnes sont arrêtées à Tournai tandis que l’auteur, un certain Baudouin de Duve qui a pris pour pseudonyme « Bud E. Weyser » (les amateurs de bière comprendront) se fait épingler à Anvers. La police saisit 650 exemplaires de l’album mais des milliers d’autres sont déjà sur le marché.

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Finalement, les hommes arrêtés sont relachés et les albums saisis rendus à l’auteur en 2009. Il aura fallu 10 ans à la justice pour se rendre compte qu’il ne s’agissait pas d’un faux mais d’un pastiche. En effet, l’auteur ne cherche nullement à imiter Hergé mais bien à inventer de nouvelles aventures dans la continuité des précédents albums. On y retrouve ainsi les principaux héros.

Continuité vraiment? Les personnages, libérés de la pudibonderie de Hergé, se révèlent être de véritables obsédés sexuels. Même Milou, resté en Belgique, en profite pour assouvir son fantasme siamois et se taper le chat… siamois! Ah, ah! D’autre part, si les jurons du Capitaine Haddock avaient de quoi faire sourire, là on change de registre et le langage se fait beaucoup plus cru.

On n’évite aucun des clichés sur la Thaïlande. A peine arrivés à Bangkok, nos héros vont droit à *Patpong, le quartier chaud de la capitale avec ses go-go bars et ses boîtes à streaptease. Idem à Chiang Mai où l’on découvre les salons de massage body-body, les femmes qui sont en fait des hommes, les Thaïlandaises qui sont toutes des prostituées et ne pensent qu’à détrousser le *farang et pour finir en beauté, la cuisine du Nord. Malgré tout, l’album n’est pas une BD pour adultes, aucune scène de sexe n’étant explicitement montrée. En revanche, puisque l’auteur a fait évoluer les moeurs des héros, il aurait pu aussi faire évoluer leur mentalité. Mais non, il est resté fidèle à Hergé et les propos sont toujours aussi misogynes et racistes. Dommage.

Rendons cependant justice à Baudouin de Duve qui n’a pas cherché une audience à travers cet album. Tout a commencé par une plaisanterie qui devait demeurer innocente et confidentielle, destinée uniquement à ses amis et collègues autour de Chiang Mai et dont le tirage n’a pas excédé quelques centaines d’exemplaires. Mais certaines personnes mal intentionnées  flairant le filon ont piraté et réédité Les aventures de Tintin en Thaïlande aux éditions Farang et l’ont même adapté en Anglais. D’où le succès et les poursuites judiciaires que l’auteur n’avait sûrement pas imaginés.

Ci-dessous, le Wat Doi Suthep qui domine Chiang Mai

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L’album n’est plus en vente mais vous pouvez le télécharger gratuitement en copiant le lien ci-dessous:

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*Patpong. Même si vous n’êtes jamais allé en Thaïlande, vous avez sûrement entendu parler de ce quartier de Bangkok dans lequel de nombreux reportages ont été tournés, histoire de faire monter l’audience de certaines chaînes de télévision. Entre Patpong et Pattaya le Pays du Sourire s’est fait une réputation imméritée. Au point que les non-initiés confondent massage thaïlandais et body-body et qu’ils ont de la Thaïlande l’image d’un immense bordel. C’est bien connu, on ne voit pas avec ses yeux mais avec son cerveau.

Patpong occupe deux ruelles étroites, Patpong 1 et Patpong 2, situées dans le quartier des affaires entre Thanon Silom et Thanon Surawong. Ces deux ruelles extrêmement fréquentées appartiennent à une famille sino-thaïlandaise, les Patpongpanich, qui leur a aussi donné leur nom. Cette famille a acheté une parcelle de terrain dans les années 1940 et a commencé à bâtir des commerces dans Patpong soi 1 puis créa Patpong soi 2 quelques années plus tard. Comme Pattaya, Patpong a connu son essor durant la guerre du Vietnam lorsque les G.I.’s venaient chercher le repos du guerrier en Thaïlande et dépenser leur solde durant leurs permissions. Les clubs ont commencé à émerger, on connaît la suite. Dans les années 1970, la réputation du quartier prit une ampleur qui s’accentua une décennie plus tard lorsque l’office de tourisme eut la malencontreuse idée de faire de Patpong un de ses arguments de vente pour attirer les touristes. Chaque tour operator organisait une soirée dans un club, parfois très hot, tandis que d’autres se pécialisaient dans les sex-tours.

Pour mieux comprendre la prostitution en Thaïlande, lire à ce sujet, le très instructif livre de Dave Walker et Richard S. Ehrlich « Bonjour ma grande grande chérie » car, malgré les sourires, là comme ailleurs, les filles de joie ne rigolent pas tous les jours. Cliquez sur le lien ci-dessous:

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Aujourd’hui, le quartier s’est quelque peu assagi. Bien sûr les go-go bars et les boîtes à streaptease existent toujours mais chaque soir à partir de 17 heures un immense marché de nuit s’installe et attire de nombreux touristes, voire des familles. On y trouve de tout, beaucoup de contrefaçons aussi, mais les prix sont plus élevés qu’ailleurs. Attention aux contrefaçons: il est illégal d’en acheter et si vous vous faites prendre par la douane à votre retour, non seulement on vous confisquera votre achat mais vous écoperez d’une amende équivalant à une à deux fois le prix de l’objet original. De quoi faire réfléchir.

En plus de Patpong soi 1 et Patpong soi 2, il existe le calme et discret Patpong soi 3 (un soi est une ruelle souvent en cul-de-sac) au fond duquel vous mangerez de déliceux fruits de mer dans une ambiance calme, servis par un personnel souriant et accueillant, à des prix raisonnables.

*Farang: ce mot qu’on entend souvent lorsqu’on voyage en Thaïlande trouve son origine au XVII ème siècle, lorsque Louis XIV envoya une délégation à Ayutthaya où se trouvait alors la cour du Siam dont le souverain était le roi Narai. C’était un siècle avant que Bangkok ne devienne la capitale et que soit fondée la dynastie actuelle des Chakri. Le mot « Français » étant très dur à prononcer pour les Thaïs, nos émissaires sont devenus les « Farangsae » qui donnèrent « Farang » et par extension le terme désigne les étrangers occidentaux.

Si vous visitez La Maison de Jim Thompson, ce que je ne saurais que vous conseiller et vous ne le regretterez pas, vous pourrez voir dans le bureau de l’ancien propriétaire des lieux deux gravures françaises représentant des mandarins de la cour du Siam. Ces gravures d’époque figuraient dans les mémoires d’un des membres de l’ambassade envoyée par le roi Soleil.

Si vous avez aimé cet article, je serai heureuse de lire vos commentaires.

 


2 réflexions sur “Tintin en Thaïlande

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